Le Québec est en campagne électorale. Le 4 septembre prochain, un nouveau
gouvernement provincial sera élu. Dans une démocratie comme la nôtre, comment
choisir pour qui nous allons voter? Le texte qui suit n'est pas un mode
d'emploi, ce ne sont que des réflexions personnelles susceptibles de permettre
l'intégration de mes valeurs au processus d'élection auquel nous sommes
conviés.
Notre participation commence habituellement par la lecture du programme des
partis inscrits officiellement dans la course. Il se peut que le programme d'un
parti corresponde plus qu'un autre à nos valeurs. S'il s'avère que le candidat
local de ce parti démontre aussi des capacités de représentation évidentes,
nous pourrons faire notre choix assez facilement le jour des élections. Par
ailleurs, dans le cas où, le chef du Parti ou le candidat local n'est pas à la
hauteur de nos attentes, il faudra se demander si, en accord avec notre
objectif, un vote pour l'un ou l'autre pourrait s'avérer plus efficace. Il va
sans dire que le choix d'un Parti est habituellement plus complexe dans la
mesure où la totalité d'un programme politique peut ne pas nous plaire malgré
certaines propositions particulières qui vont chercher notre adhésion.
Autrement dit, nous pourrons être en accord pour ceci et cela et être en
désaccord pour autre chose. Mon leitmotiv est d'abord de me centrer au niveau
du cœur afin de m'enligner vers un parti qui met le bien-être de
l'individu au centre de son programme politique et qui démontre l'intelligence
des moyens qu'il prendra pour atteindre son objectif. Un parti qui propose
un projet de société viable orienté vers l'émancipation, l'évolution, l'éveil.
La naïveté n'a pas sa place dans la gouvernance pas plus que l'égocentrisme
capitaliste à outrance.
Il n'est pas toujours agréable, ni facile de lire les textes d'un programme.
Radio-Canada propose un outil amusant qui permet de comprendre les enjeux
électoraux et de se situer par rapport aux positions et propositions des partis
politiques. Cet outil se nomme "Boussole électorale" et est
accessible à partir du lien suivant:
http://www.radio-canada.ca/sujet/elections-quebec-2012/2012/05/04/001-interactif-boussole-electorale.shtml
J'ai fait l'exercice et quoique je ne puisse confirmer que le questionnaire
et les relations croisées proposées par le programme pour nous soient
totalement pertinents, il demeure que l'outil permet une belle réflexion et
apporte une information catégorisée très utile.
Juste avant que ne soit annoncé le déclenchement des élections, je venais de
terminer la lecture du carnet "De colère et
d'espoir" de Françoise David, co-fondatrice avec Amir Khadir du
Parti Québec Solidaire. J'admire Françoise David. Elle me
semble intègre, pacifiste, informée, active, lucide, décidée, convaincue,
patiente, travailleuse, etc. Elle cumule une grande expérience terrain et a une
"vision" d'un Québec meilleur, où chaque citoyen est considéré comme
important. Elle est "de gauche" comme il se dit habituellement,
quoique personnellement, je ne sois pas friande de cette appellation.
Socialiste plutôt que capitaliste si l'on doit absolument opposer ces deux
concepts.
Le carnet se lit bien et permet de revoir la plupart des
enjeux économiques et sociaux. Françoise David y dénonce les injustices et la
mal-gérance gouvernementale et propose de nouvelles avenues de réflexions et de
solutions. Oui, elle y affiche sa colère, mais elle parle aussi du "pays
rêvé". David est une femme de cœur, une femme qui "a mal aux
autres" (comme le dit le chanteur Dan Bigras dans l'introduction du
carnet) au point d'avoir comme objectif premier d'apporter des changements pour
améliorer le bien-être de chacun et l'équité entre citoyens.
Les principaux sujets abordés dans ce carnet sont les suivants: la santé,
les conditions de vie des autochtones, la pauvreté démesurée de groupes de
citoyens, les finances publiques, la langue française, l'immigration, la
laïcité, l'égalité hommes-femmes, le mode de scrutin, l'exploitation des mines à
ciel ouvert, celle des gaz de schiste, le Plan nord, l'écologie et les
questions environnementales, la nation québécoise et son indépendance envers le
gouvernement fédéral. Françoise David expose son point de vue, livre son
analyse et propose les solutions prônées par Québec Solidaire. Contrairement à
l'information limitée transmise par les divers médias, la lecture du carnet
permet de mieux saisir les enjeux, parce David en dresse un portrait plus
complet. En conséquence, il devient plus facile aux lecteurs de se faire une
idée personnelle au fur et à mesure que l'auteure expose son argumentation.
Suite à ce carnet, je me suis mise à la lecture d'un autre livre qui tombe à
point à ce moment des élections puisque le sujet traite de l'immigration et de
l'islamisme politique. À Contre-Coran, écrit par Djemila
Benhabib, a été produit suite à la Commission Bouchard-Taylor au sujet des accommodements
raisonnables en 2010. Madame Benhabib parle en connaissance de cause, par
expérience, puisqu'une partie de sa vie s'est déroulée en Algérie, un pays sous
la gouverne du Front islamiste du salut. Très documenté, des références
bibliographiques à l'appui, en plus des témoignages personnels de l'auteure, ce
livre donne un son de cloche très différent de celui de Madame David sur la
question. Madame Benhabib se présente aussi comme candidate aux présentes
élections, et ce, sous la bannière du Parti Québécois.
Es-ce que le Parti Libéral est capable de se renouveler du
jour au lendemain? Le Parti Coalition pour le Québec pourra-t-il
apporter des changements structurels qui pourront permettre un autre style de
gouvernance? Le Parti vert n'est-il présent sur la scène
électorale que pour rappeler aux autres partis l'importance des questions
environnementales sur la survie de l'espèce humaine? Et le Parti Option
nationale se différencie de quelles façons du Parti québécois et du
Parti Québec Solidaire?
Françoise David propose de "faire la politique autrement".
Bien sûr, c'est une formule qui me convient très bien, ma propre démarche
proposant de reprendre notre pouvoir - autrement que par les voies
connues et parfois trop usées qui n'ont pas donné de résultats concluants
jusqu'à présent. Quel que soit le verdict des québécois le 4 septembre
prochain, j'espère que le Parti élu saura "faire de la politique
autrement".